À l’occasion du Mois de sensibilisation au cancer du sein, nous avons rejoint nos partenaires de longue date, Boarding for Breast Cancer et Casting for Recovery, pour partager les histoires de six survivantes du cancer du sein. Voici leurs témoignages sur leur expérience de guérison grâce à la nature.
“Les moments que j’ai passés à l’extérieur sont devenus mes plus beaux souvenirs de cette période. Je pouvais simplement vivre l’instant présent, sans rendez-vous, sans conversations stressantes, sans appréhension pour l’avenir.” – Amalie Gunn

AMALIE : RÉSILIENCE REQUISE


Je vis à Whistler et à Squamish, en Colombie-Britannique, depuis l’âge de 19 ans. Je fais du snowboard tous les hivers et, l’été, je fais du vélo dans la forêt et je passe mes après-midi au bord du lac. Mes amis et ma carrière gravitent tous autour du plein air. Le plein air fait partie de mon identité. 


J’étais une jeune maman essayant de tout concilier quand j’ai reçu mon diagnostic, Et j’ai dû adopter un emploi du temps incroyablement strict, avec des rendez-vous pour des analyses de sang, des examens, des TDM et un cycle de traitements hebdomadaires qui a duré des mois. Tout à coup, ma vie a cessé d’être centrée sur les activités en plein air et se concentrait sur des endroits où je ne voulais pas être. Pendant le traitement, je n’avais pas la même endurance ni la même énergie qu’avant, mais mon âme avait soif de nature. De courtes promenades en forêt ou de grandes randonnées en montagne m’ont permis d’échapper à mon emploi du temps et à la complexité écrasante de cette réalité. Le monde s’arrêtait, et je pouvais être moi-même à nouveau, pas seulement une patiente atteinte de cancer.


Les traitements derrière moi, je suis une personne différente aujourd’hui. J’ai lutté contre le cancer du sein pendant la majeure partie de la pandémie, et il y a eu des moments où j’étais complètement isolée de tous ceux que j’aimais. Le fait d’avoir traversé cette épreuve sans le soutien que j’aurais souhaité m’a montré ma propre force. Un peu d’encouragement et une bonne dose d’air frais m’ont permis de me tenir la tête haute. Cela m’a donné le courage de continuer, en devenant une version plus forte et plus résistante de moi-même.


KELSEY : LA GUÉRISON À TRAVERS LES KILOMÈTRES


J’ai reçu mon diagnostic le même jour où la Californie a imposé des restrictions pour la COVID. À l’époque, j’élevais deux jeunes enfants, j’étais récemment divorcée et j’emménageais dans une nouvelle maison en solo, et je venais de perdre le travail que j’occupais depuis 11 ans. Mais dans tout ce chaos et ce stress, je savais une chose : j’aimais la nature. La nature est devenue ma bouée de sauvetage.


Pendant ma convalescence après ma double mastectomie et ma tumorectomie, j’ai décidé de me concentrer uniquement sur ce qui me rendait heureuse. J’ai donc fait du vélo tous les jours, j’ai fait des randonnées sur des kilomètres et des kilomètres, j’ai campé presque tous les week-ends, j’ai regardé les étoiles la nuit et j’ai marché sur la plage en réfléchissant à la façon dont je pouvais gérer ce raz-de-marée d’événements.  Il y a eu un jour en particulier où tout semblait peser encore plus lourd, alors je suis partie faire une longue balade à vélo. Je ne me suis fixé aucune limite de distance ou de temps. J’ai simplement pédalé. En pédalant, j’ai pensé à tous ceux que j’aimais et à tout ce que je chérissais. Et après 4,5 heures et 38 miles, je suis rentrée chez moi épuisée, mais plus forte. La solitude de la nature m’a donné l’espace nécessaire pour réaliser que la vie ne se résume pas aux problèmes. J’ai appris à lâcher prise. 


Même si j’ai toujours eu une vision positive de la vie, je sais que j’en suis sortie plus forte mentalement. Le cancer m’a fait prendre conscience de ce qui est important pour moi dans cette vie. J’ai appris à reconnaître et à surmonter plus rapidement la négativité, et à refuser tout traitement qui est en deçà de ce que je mérite. Mais surtout, le cancer m’a appris que je peux créer mon propre chemin en faisant ce qui me rend le plus heureuse. Cela ne sert à rien de perdre de l’énergie ou du temps à vivre ma vie autrement. 

“Pour moi, être en phase de "rétablissement" signifie guérir — guérir nos esprits, nos corps et nos âmes.” – Kelsey Towne
“Je ne sais pas si l’on se remet vraiment d’un cancer, mais je suis en vie et je vis pleinement ma vie.” – Cherrie Ninness

CHERRIE : EN VIE ET VIVANT PLEINEMENT SA VIE


J’avais 27 ans lorsqu’on m’a diagnostiqué un cancer du sein.  J’étais mère célibataire d’un enfant de 4 ans et je travaillais à temps plein comme ambulancière. J’ai perdu le compte du nombre de fois où le personnel infirmier bien intentionné et les patients plus âgés m’ont dit que j’étais beaucoup trop jeune pour avoir le cancer du sein. Je le sais! Alors j’ai subi une mastectomie du côté gauche et j’ai commencé un traitement rigoureux dans le cadre d’un essai clinique. J’ai lutté pour ma vie malgré des effets secondaires douloureux, handicapants et parfois gênants. Mais je pense que le pire de tout, c’est la façon dont j’ai inconsciemment repoussé ma fille, avec l’idée que je lui manquerais moins une fois que je serais partie. J’ai survécu grâce aux visites hebdomadaires de ma mère et à mes amis qui venaient régulièrement me voir chez moi ou à l’hôpital pour s’assurer que j’avais toujours quelque chose à manger, une main à tenir ou une oreille pour m’écouter.


Ce n’est que lorsque l’essai clinique s’est terminé que la guérison a pu commencer. J’ai fait face à une éventuelle reconstruction, trouvé la bonne prothèse, profité de chaque moment précieux avec ma fille et repris le travail. C’était difficile. Pas seulement à cause de l’épuisement lié au travail à temps plein et de la brume cérébrale causée par mon traitement, mais aussi parce que nous transportions constamment des patients en phase terminale de cancer : des moments interminables, déchirants et dévastateurs pour le corps et l’âme. La projection de ces scénarios sur moi-même et mes proches était horrifiante. J’ai donc fait les seules choses que je savais faire : agir avec empathie et partager mon expérience.


Juste avant mon 50e anniversaire, j’ai passé ma mammographie de routine. Il y avait une bosse. Sachant comment s’était passé la dernière fois, j’ai repoussé mon rendez-vous à l’hôpital et j’ai passé la nuit du vendredi à danser, le samedi dans un vignoble, et le dimanche à moto dans les collines au-delà de la ville. Lundi matin venu, j’étais suffisamment ressourcée pour affronter la musique qu’était une deuxième mastectomie et de nombreuses autres séances de chimiothérapie. Cette fois-ci, j’étais plus forte, plus sage, j’ai combattu tout aussi ardemment, et j’ai survécu à nouveau.


Vers 2018, j’ai rejoint le groupe australien Casting for Recovery, et depuis lors, nous avons développé un comité de bénévoles qui organise et collecte des fonds pour des séjours de ressourcement pour d’autres survivants du cancer. Je n’ai pas révolutionné le monde ou gravi le Kilimandjaro, mais j’ai rendu le parcours de certains patients atteints de cancer un peu plus confortable. Mon voyage a été difficile, et j’ai certainement ce sentiment de culpabilité du survivant, mais je suis tellement reconnaissante pour ce que j’ai accompli. J’ai une fille incroyable, le meilleur chien du monde, des amis formidables, un père qui veille sur moi comme un faucon, et un petit-fils qui brille comme le soleil et pense que je suis géniale. Malgré toutes les difficultés, ma vie est belle.

RACHAEL : ESPOIR APRÈS UN TRAUMATISME


Il y a trois ans, j’ai vu ma meilleure amie être diagnostiquée et emportée par un cancer du côlon de stade 4 Peu de temps après son décès, j’ai moi-même été diagnostiquée avec un cancer du sein. Je l’ai détecté suffisamment tôt pour ne pas avoir à subir de chimiothérapie ou de radiothérapie, et j’ai pu garder mes cheveux. Pour monsieur et madame Tout-le-monde, et mes proches, je n’avais pas l’air malade. Mais je l’étais. J’ai perdu des morceaux de moi-même, physiquement et mentalement, en subissant opération sur opération pour éliminer le cancer. Même avec l’amour et le soutien de mes amis et de ma famille, il m’a été incroyablement difficile de surmonter ce traumatisme.


Ce n’est que lorsque j’ai pris contact avec Casting for Recovery que j’ai pu sortir de l’isolement dans lequel le cancer m’avait plongée. Lorsque mon guide, ma bonne amie Katie, elle a tenu mon bras et guidé ma ligne, lancer après lancer. Je transpirais alors que je luttais contre le courant, glissais sur les rochers, chassais sans fin les insectes qui m’assaillaient, et lançais ma ligne encore et encore, sans attraper autre chose que de la frustration Katie voyait bien que je me débattais et me rappelait gentiment de laisser la rivière couler à travers moi. Si ma lutte contre le cancer m’a appris une chose, c’est que l’inconnu est effrayant et peut vous faire sentir hors de contrôle. Mais si quelqu’un vous guide avec gentillesse, patience et confiance, tout ira bien.


Un an après mon diagnostic initial, ma fille et moi avons célébré en faisant le voyage que nous avions prévu pour l’été précédent. Nous avons parcouru l’Europe, profitant des paysages les plus verdoyants et époustouflants que nous pouvions trouver. Et je terminais chaque journée avec ma liste de « reconnaissances ». Certains jours, je me contentais d’être reconnaissante d’avoir pu nourrir des oiseaux et des écureuils ce matin-là. D’autres jours, c’était ma capacité à respirer ou le fait que mon corps était guéri et fort. Chaque jour, j’étais reconnaissante pour ma fille. Mon parcours contre le cancer n’a pas été aussi difficile que celui d’autres personnes, mais il m’a changée et m’a enseigné d’innombrables leçons sur la confiance, la patience, l’amour de soi et le précieux don du temps. 

“J’ai appris dès un très jeune âge qu’on devenait soit une victime ou une battante. À maintes reprises, j’ai choisi d’être toujours la dernière option.” – Rachael Laya Hoffman
“Être à l’extérieur et créer des liens au sein d’une communauté de femmes qui comprennent réellement ce que j’avais vécu n’a pas seulement changé la vie. C’était un cadeau vivifiant. Le début de mon parcours de guérison.” – Rebecca Walsh

REBECCA : LA PROCHAINE GRANDE AVENTURE


Tout traitement du cancer est éprouvant pour le corps. J’ai eu recours à la chirurgie, à la chimiothérapie, à la radiothérapie et à l’hormonothérapie pendant les cinq à dix années qui ont suivi. C’est également difficile pour l’âme, vous laissant vous demander si vous avez pris les bonnes décisions en matière de traitement, à vous inquiéter de la récidive et à être dévasté par la perte de temps due à la maladie. Le fait de considérer ma guérison du cancer comme une grande aventure a contribué à atténuer ces angoisses.


Avant d’avoir le cancer, j’étais guide de randonnée, instructrice et coach professionnelle de ski de fond, et propriétaire d’un magasin de ski. Avant le cancer, j’étais guide de randonnée, instructeur et coach professionnel de ski de fond, et propriétaire d’un magasin de ski. Je me souviens de m’être allongée sur le sol de mon salon et d’avoir dû ramper d’un endroit à l’autre pour profiter des rayons de soleil de l’après-midi qui se déplaçaient dans la maison. D’autres jours, je me contentais de m’asseoir dans une chaise longue sur ma terrasse. À l’époque, c’était tout ce que j’avais la force de faire.


Le pouvoir de guérison de la nature ne m’était pas étranger.  Je suis une vétérane de l’Armée et après chaque déploiement en Irak, je rentrais chez moi et me retrouvais sur les sentiers pour digérer ces expériences. En tant que jeune maman, je me retrouvais en montagne avec mon bébé, en train de découvrir ma nouvelle identité. Après le cancer, c’était la même chose. Je me suis retrouvée à avancer lentement à travers la forêt, souvent en solitaire, m’arrêtant pour réfléchir à quel point j’étais reconnaissante d’être là, à cet instant. Je n’avais aucun plan et rien à prouver. J’étais simplement là pour me sentir mieux. Encore et encore, ce petit rayon de soleil, aperçu de verdure, ou randonnée dans les collines étaient ma thérapie.

CASSIE : FRANCHIR L’ÉPREUVE


Étant originaire du Colorado, j’ai la nature dans les veines. Et au fil des ans, courir dans la nature est devenu ma thérapie. Je passais des heures en solo à parcourir des sentiers en méditant, ou avec des amis à resserrer nos liens d’amitié. Lorsqu’on m’a annoncé que j’avais le cancer, je venais de terminer une course de 100 miles en Nouvelle-Zélande. J’avais seulement 32 ans, j’étais végétarienne et au sommet de ma forme. Mais ça, le cancer s’en moquait. Heureusement, le fait d’avoir terminé cette course m’a rappelé que je pouvais tout faire, y compris surmonter ce coup de frein.


Les patients atteints de cancer passent beaucoup de temps coincés à l’hôpital ou dans des cliniques, ce qui est assez ennuyeux à mon avis. Alors, pendant le traitement, je traînais mon sac de perfusion de chimiothérapie dehors sur la terrasse du centre d’infusion et je m’asseyais parmi les abeilles et les plantes. Peu m’importait la chaleur. C’était mieux que d’être dans une pièce grise et déprimante. Et même si je ne parcourais pas des kilomètres sur les sentiers, être dans cet espace extérieur était l’un des meilleurs remèdes que je pouvais m’offrir.


Depuis, j’ai de nouveau été diagnostiquée avec un cancer du sein et j’ai deux fois survécu. Je suis encore en train de digérer l’enfer que j’ai traversé. Mon corps a peut-être l’air en bonne santé, mais mes entrailles ont été malmenées et doivent encore se remettre du traitement. Cela dit, je sais que ce voyage m’a beaucoup apporté Bien que je sois encore quelqu’un de positif, j’ai désormais beaucoup plus de caractère. Je n’attends pas une tragédie pour dire à mes proches combien ils comptent pour moi. Et j’ai repris mes études pour pouvoir travailler dans le domaine du cancer du sein et aider mes compagnons de lutte. Bizarrement, le cancer m’a permis de devenir une version améliorée et plus authentique de moi-même.

“La fin de semaine passée en pleine nature avec Boarding For Breast Cancer m’a rappelé que j’étais toujours à l’intérieur de ce corps qui est le mien et que je méritais d’être libérée. ” – Cassie Cilli
Chaque photo de survivante a été prise par un être cher qui les a soutenues pendant leur traitement et leur rétablissement.